#5 (Presque) Zéro déchet à Totnes : les déchets !

LES DECHETS

Après une semaine, l’heure du bilan a sonné  : mes déchets non-recyclables tiennent dans un demi-bocal Bonne Maman. Je m’empresse de dire que ce résultat est du pipi de chat comparé aux championnes américaines du Zéro déchet qui arrivent à faire rentrer leur déchets non recyclables de l’année voire de plusieurs années dans un bocal d’un litre.

Pourquoi un pot Bonne Maman ? Pour comprendre cette lubie, il faut faire une investigation ambitieuse au cœur de la hipsterisation du Zéro déchet, quand les figures de proue ont commencé à exhiber fièrement leurs bocaux en tous genres, y compris pour montrer à la blogosphère leur production infime de déchets « poubelle noire ». Cocorico, certaines Américaines ont dégainé les bocaux le Parfait, mais le bocal emblématique de nos amis outre-Atlantique reste la Mason jar (ou Pot Mason au Québec).

Alors redonnons aux bocaux français leurs galons, et vive Bonne Maman.

Alors, on trouve quoi dans mon bocal ?

Des tickets de train

Comme en France, la bande magnétique fait que ces billets ne sont pas recyclables. Et je suis bien trop stressée pour faire confiance à un smartphone vieillissant et à des e-tickets. J’avais pris soin en revanche d’imprimer mes billets d’Eurostar sur du papier simple, avec le recto déjà imprimé.

Des tickets de caisse

Imprimés sur papier thermique, ils ne sont à ma connaissance pas recyclables. La solution pour en avoir moins : payer un maximum en liquide, faire ses courses sur les marchés, anticiper correctement ses courses pour mutualiser. Je suis assez mauvaise dans cette catégorie.

Mes emballages de tempeh/tofu (voir l’article sur les affres du végétarisme) avec dans le tas un emballage plastique zippé qui peut toujours servir pour stocker des vis ou du petit bricolage par exemple.

Une étiquette

Lorsque j’ai acheté ma paire de leggings neuve, l’étiquette était rattachée au vêtement avec un « friendship bracelet » (!) et une épingle à nourrice arrondie, deux petits trucs faciles à réutiliser (l’épingle à nourrice arrondie est un must des serial tricoteuses, cela se vend comme marqueur de mailles) et le bracelet servira à nouer un petit cadeau.

Un emballage de thé (bidule jaune sur la photo)

Ha le thé… Une tasse de thé peut alternativement produire zéro déchet dans son plus simple appareil ou être « gros déchets ». Durant mon séjour je n’ai bu que des simples sachets de thé compostables mais un soir de grand froid j’ai craqué pour une tisane emballée individuellement gingembre/citron/miel. Ce qui était crétin a posteriori puisque dans la maison de mon hôte il y avait du gingembre, du miel, de quoi se faire l’infusion en deux minutes.

Un sachet de moutarde

La plupart des delis/cafés offrent quasiment toujours les condiments en bouteilles mais je suis tombée sur une exception à Buckfastleigh. Et des frites sans sauce, c’est trop triste.

Et last but not least, le déchet le plus couillon du séjour, et la réponse à la devinette du premier article : un formidable emballage d’adaptateur de prise. La veille au soir du départ, impossible de retrouver le mien, je me suis donc retrouvée à en acheter un Gare du Nord pour la somme modique de 9 euros.

Pourquoi c’était crétin : a) avec un peu d’anticipation, j’aurais tout à fait pu en emprunter un à quelqu’un, c’est typiquement l’objet qui encombre nos tiroirs alors qu’il nous sert au mieux quelques jours par an, b)Colin, mon hôte, en avait plusieurs, c) au marché du vendredi, un type en vendait sans emballage pour 1£ (pas bien sûre de la qualité MAIS c’est encore une fois un objet à usage limité).

Le bocal sans l’emballage en PET.

Bon, l’emballage est en PET, donc il se recycle, mais ça reste le mauvais élève du séjour, mon achat le plus inutile et mon plus gros morceau de plastique.

QUELQUES STATISTIQUES

20£ dépensées en Totnes Pounds, autrement dit de l’argent réinjecté uniquement dans une économie locale.

 

Environ 1500 km en train et 30 km en voiture

0 grammes de nourriture jeté (uniquement des coquilles d’œuf, des épluchures, des sachets de thé et du marc mis au compost) 

5 gobelets en plastique et 2 canettes de bière ramassés

1 jour de pluie seulement

2 burgers véganes dans mon estomac

 

QUESTIONS et CLAP DE FIN

Ouais ouais bravo, mais votre truc, c’est du mercurochrome sur une plaie nécrosée sur dix centimètres non ? (de rien)

Toute action individuelle est par définition infime, jusqu’à ce qu’elle devienne un tant soit peu collective. Evidemment que refuser une serviette en papier, s’émouvoir de dosettes individuelles ou pleurer devant un café n’offrant que des gobelets jetables (avec la touillette plastique qui va avec) n’a qu’un impact négligeable sur l’état de la planète.

La réflexion sur les déchets est multiple, tout comme les actions pour les réduire.

Certains vont privilégier leur espace domestique et en évacuer les déchets, sans forcément se poser la question des déchets cachés (impact écologique de la production de viande, de textiles) quand d’autres vont plancher sérieusement sur l’autonomie énergétique, ou encore rentrer tête la première dans une forme de militantisme pour réclamer des politiques mieux pensées en matière de traitement des déchets.

Dans tous les cas, il s’agit de repenser sa consommation, et de faire entendre sa voix. Petit effort d’imagination : notre société serait-elle la même si les gens ne sortaient leur poubelle qu’une fois par mois ? Qu’est-ce qui changerait ? L’économie serait-elle la même si les gens se détournaient massivement des hypermarchés, sans se défausser systématiquement derrière la question des revenus (question qu’on ne peut pas complètement évacuer non plus – voir plus loin) ?

Ca a l’air drôlement chiant !

Repenser un mode de vie peut toujours sembler contraignant au départ, mais des gestes simples peuvent devenir rapidement des automatismes et font in fine gagner du temps.

Trimballer une gourde, avoir toujours un sac en tissu sur soi, faire ses repas de temps en temps (quitte à en congeler une partie), accommoder les restes, faire en sorte de ne rien gaspiller : rien de révolutionnaire, rien de chronophage ni de coûteux, au contraire.

Un principe de base : rester ouvert et tolérant avec les autres évidemment mais surtout avec soi – la limite étant de ne pas se plomber le moral, ne pas se culpabiliser. Réfléchir à ses déchets a quelque chose de compulsif (on les voit vite partout, et on se demande comment faire diminuer ces fichues poubelles), mais il vaut utiliser son énergie à trouver de nouvelles façons de consommer, cuisiner, créer, qu’à houspiller le voisin qui sirote son Coca en bouteille plastique avec une paille en plastique (oui car on trouve aussi des pailles en inox, en verre et même en bambou.

Variante : ça a l’air drôlement cher !

Remarque qui revient souvent et qui s’inscrit dans une vision globale des  mouvements écologiques, qui seraient la chasse gardée d’écolos friqués. Sans chercher à nier la réalité du terrain dans la représentation et la médiatisation des mouvements écolos, je dirais simplement (cela mériterait un article à part) que promouvoir l’achat d’occasion, la consommation minimaliste, la réparation des biens contre l’obsolescence, la simplification de notre alimentation me semble aller vers un pouvoir d’achat optimisé. On peut ensuite discuter de la question du temps pour soi, de la facilité à avoir accès à certains types de commerce, des enfants, de la pression sociale… Tout ceci est valable, à condition de ne pas oublier quelque chose, que j’ai largement eu le temps de constater : tout le monde a quantité d’excuses valables pour ne rien changer à son mode de vie, de même que tout le monde a la possibilité de faire sa part, à son rythme et à son niveau. Le tout est de se lancer !


Le Zéro déchet chez les p’tits Anglais, c’est terminé pour cette fois, mais le sujet reste d’actualité dans l’asso : rendez-vous le samedi 23 mars au Perreux pour apprendre à faire vos produits ménagers avec Sylvie et trois fois rien !

 

 

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